de Andreu » Mer 14 Jan 2015, 22:53
Bonsoir,
Après avoir lu votre message du jour (merci), et comme j'ai à peu près dormi la nuit dernière, j'ai décidé de prendre le taureau par les cornes et j'ai passé la soirée... à vous raconter ma vie ! Ci-après le résultat, très long et détaillé, désolé (ce n'est pas très amusant à lire !). J'ai essayé d'être aussi complet que possible, en espérant que cela puisse être utile...
[Note 1. Les analyses ont toujours été effectuées dans des conditions identiques (en début de matinée, à jeun et sans prise de traitement) et dans le même laboratoire, dont les « valeurs de référence » sont les suivantes : TSH 0,15/3,70 // T3L 2,5/3,9 // T4L 7,75/18,7.
Note 2. À ma connaissance, il n'existe dans ma famille aucun antécédent (féminin ou masculin) de problème lié à la thyroïde.
Note 3. Rétrospectivement, je me rends bien compte des nombreuses erreurs commises dans les tâtonnements et les adaptations trop rapides du traitement. Mais je me contente ici de décrire les choses ; ce qui est fait est fait... Voyons ce qu'il est à présent possible de faire !]
Pendant deux ans et demi (de mars 2011 à l'automne 2013), j'ai dû faire face à un surcroît important d'activité professionnelle (environ 70 h de travail par semaine, pas d'horaires ni de vie privée, aucun exercice physique, prise de poids, alimentation déséquilibrée...). Peu à peu, logiquement, est apparue une fatigue continue et grandissante, qui a fini par laisser la place à une forme d'épuisement. Pendant cette période, malgré beaucoup de tension et des soucis nombreux, je dormais très correctement, même si les nuits étaient souvent un peu courtes à mon goût (dans les 6 h, en moyenne). Cet effort au travail n'a pas été tout à fait inutile, puisque j'ai contribué à la sauvegarde de trois emplois, mais j'ai dû finir par m'arrêter et m'en aller de l'entreprise après des alertes de santé répétées (étourdissements, malaises...).
Après quelques semaines de repos complet, j'ai pensé qu'il était grand temps d'effectuer des analyses médicales complètes, dont je supposais que les résultats seraient mauvais... et me serviraient de base pour tâcher de remettre d'aplomb le bonhomme. À cette période (début 2014), je dormais un peu trop (jusqu'à 9 h par nuit) et n'étais pas très en forme, mais j'attribuais plutôt la chose à la fatigue accumulée.
Le premier bilan, début mars 2014, a été globalement médiocre, mais moins catastrophique que je ne le craignais. C'est là, toutefois, qu'a été repéré un taux anormal de TSH, à 7,31 mUI/L. Des analyses complémentaires, une quinzaine de jours plus tard, ont donné les résultats suivants : TSH 8,52 / T3L 2,7 / T4L 6,7 / anti TPO > 1 000 [normale labo < 9] / anti TG > 2 000 [normale labo < 4].
Une hypothyroïdie ayant été diagnostiquée sur cette base par mon généraliste, une échographie a été pratiquée avec le bilan suivant : « L'examen retrouve un goitre thyroïdien, mesuré à : lobe droit, 24 mm x 23 x 61, soit un volume de 18 cc ; lobe gauche, 16 x 18 x 51, soit un volume de 8 cc ; isthme, 3 mm. La glande apparaît d'échostructure hétérogène, micronodulaire non hypervascularisée au doppler couleur. Pas d'adénomégalie en regard des deux régions jugulo-carotidiennes. Au total, goitre thyroïdien micronodulaire. »
Consultée, l'endocrinologue diagnostique alors une thyroïdite de Hashimoto avec hypothroïdie périphérique et prescrit du Lévothyrox à doses croissantes, par paliers de 25 μg supplémentaires tous les sept jours jusqu'à 125 μg. L'objectif visé est de situer la TSH inférieure ou égale à 1 et de maintenir la T4L dans les valeurs normales du laboratoire.
Six semaines après que le « plein régime » (125 μg) a été atteint, soit à la mi-juin 2014, une nouvelle analyse sanguine donne : TSH 0,18 / T4L 12,4 (l'analyse de la T3L n'avait pas été prescrite). Depuis quelque temps (coïncidant exactement avec la montée en puissance du traitement), je commence à mal dormir et souffre de céphalées à répétition, parfois très violentes, de jour comme de nuit. Sinon, je reprends un peu d'activité physique (après avoir été opéré d'un genou), je mange de façon plus équilibrée et maigris modérément. J'ai la chance de n'éprouver aucun des symptômes habituellement associés à l'hypothyroïdie.
Lorsque je dis que je dors mal, il ne s'agit pas d'un simple désagrément : aucune nuit n'est plus vraiment réparatrice, les réveils sont innombrables (tous les quarts d'heure, au bas mot) ; une nuit sur deux ou trois, je me réveille à 3 h 30 (précisément !) du matin pour ne plus me rendormir et, au moins une fois par semaine, je suis entièrement réveillé, sans espoir de me rendormir, dès... 1 h 30 du matin ! Dans la journée, je suis passablement abruti (plus qu'à l'accoutumée, disons !) et j'ai de plus en plus de difficultés à me concentrer et même à conduire. J'ai l'impression d'être comme intoxiqué par un corps étranger et d'avoir une chape qui pèse sur les yeux et le crâne...
Le généraliste suspecte une intolérance aux excipients (je prends le Lévothyrox original et non un générique), il propose de descendre à 100 μg et de faire un point six semaines plus tard, un rendez-vous étant prévu avec l'endocrinologue pour la fin de l'été.
Fin août, les céphalées ont bien régressé (même si elles sont toujours présentes), mais les troubles du sommeil ne diminuent pas. Une nouvelle analyse sanguine, après donc plus de six semaines à 100 μg de Lévothyrox, donne : TSH 0,12 (donc plus basse qu'à 125 μg) / T3L 3,6 / T4L 10,9.
L'endocrinologue annule successivement deux rendez-vous en septembre et octobre, ce qui, compte tenu des délais pour la voir et des effets de plus en plus mal supportés du traitement, qui me font craindre de fondre les plombs, contraint le généraliste à improviser. Il me propose donc de baisser progressivement, par paliers de sept jours, la prise de Lévothyrox, dans l'espoir de parvenir à un niveau où le médicament serait toléré par mon organisme. En dépit de cette tentative, aucune amélioration notable ne se fait sentir.
Après six semaines au niveau le plus bas de traitement (25 μg), nouvelle analyse : TSH 7,86 / T3L 3,2 / T4L 7,0. L'endocrinologue, enfin vue, s'inquiète beaucoup des céphalées (eh oui, alors qu'il suffit de lire les notices pour constater qu'elles font partie des effets indésirables connus...) et prescrit toute une batterie d'analyses (foie, reins, bilan lipidique...). Elle dit « ne rien comprendre » (?) à la situation et tente, « à tout hasard » (?), la L-thyroxine en gouttes, en commençant à 5 gouttes et en prévoyant une augmentation progressive d'une goutte tous les quinze jours.
Les effets sont pratiquement immédiats... et négatifs : en moins d'une semaine (fin novembre), je ne dors pratiquement plus du tout et les céphalées se renforcent à nouveau. Comme j'ai beaucoup de travail à cette période, je vais voir le généraliste un peu en catastrophe. Il se demande s'il n'y a pas un problème de conversion ou d'assimilation de la T4 exogène et me propose de laisser tomber la L-thyroxine, de rester sans rien prendre pendant 4 jours pour « faire un peu le ménage » (?), puis de démarrer l'Euthyral (¼ de comprimé). Il me demande de prendre rendez-vous en urgence avec l'endocrinologue pour validation.
Dès les premiers jours, alors que je n'y croyais guère, les choses s'améliorent et, au bout d'une semaine (soit deux ou trois jours après avoir commencé l'Euthyral), je retrouve un sommeil parfaitement normal, tout en me sentant très bien dans la journée (aucun « coup de pompe » ni rien d'approchant, énergie recouvrée, grande promenade sans fatigue le dimanche, etc.). J'ai l'impression de sortir du tunnel, je me lève reposé et non plus épuisé, cela fait un bien fou ! Mais plus dure a été la chute : sans rien avoir vu venir, dans la nuit du 31 décembre (c'est facile à retenir), je dors mal (alors que je n'ai nullement fait la fête, j'ai travaillé tard et... bu de l'eau !) et, la nuit du 1er de l'an, je retrouve une belle insomnie à partir de... 3 h 30 (plus besoin de réveil, c'est formidable) !
Entre-temps, j'ai revu l'endocrinologue, qui a complètement oublié avoir prescrit des analyses complètes (qu'elle a bien reçues mais n'a pas regardées, heureusement qu'il n'y avait rien de grave !), ne s'inquiète ni donc des céphalées (dont elle a oublié l'existence), ni des problèmes de sommeil, met juste à jour sa fiche sur son ordinateur et, avant que je passe à la caisse (!), s'exclame, ravie, « Et maintenant, Noël ! ». Elle a tout de même pris le temps de me prescrire une analyse à faire très vite car, dit-elle, il n'y a aucun besoin d'attendre avec l'Euthyral, vu la demi-vie de la T3, on peut tout de suite avoir des résultats fiables (?).
Le 2 janvier, donc, cela donne ceci, après environ trois semaines d'Euthyral (à ¼ de comprimé/jour) : TSH 6,09 / T3L 3,3 / T4L 6,0 (pour la première fois, légèrement inférieure à la valeur minimale du labo).
Et on en est là... Oui, je sais qu'il est toujours long d'ajuster le traitement, mais je me heurte à un vrai problème de fond : si je ne peux pas travailler normalement (j'ai un gros contrat qui démarre dans quelques jours), je suis mal parti : je suis à mon compte, je ne bénéficie pas des indemnités journalières des salariés et surtout les clients s'en iront et ne reviendront pas. Comme, les quelques jours où j'ai arrêté le traitement, je me suis senti beaucoup mieux et j'ai bien dormi, j'ai vraiment envie de laisser tomber ces vilaines petites pilules qui me gâchent la vie et dont je n'éprouve aucunement les effets positifs. Oui, je sais, il ne faut pas ; d'où l'urgence pour moi de trouver un médecin...
Merci beaucoup de votre attention et de vos conseils avisés. J'ai bien noté vos indications pour les analyses complémentaires à demander. Pour calcium et phosphore, cela a été fait et c'était « dans les clous » en mars 2014. Pour la vitamine D, en revanche, une carence avait été détectée, à la suite de quoi le généraliste a prescrit des ampoules, mais sans nouvau contrôle ensuite. Cela étant, dans tous les cas, si l'origine des troubles du sommeil et des céphalées n'était pas dans le traitement, comment expliquer que les variations – aggravations, améliorations, voire disparitions des effets – soient directement corrélées à celui-ci ?
Merci et bonne journée,
A.
P.-S. Ai posté également ce soir une version "rafraîchie" de mon premier message sur "Un bon médecin".